Qui suis-je ?

Je m’appelle Sabine Bourdoulous et j’aime photographier les gens. Tous les gens ! Parce qu’ils sont beaux, parce qu’ils sont magiques, parce qu’ils ont tous quelque chose.
Je les aime parce qu’ils sont tous différents ; souriants, émus, authentiques, timides, pétillants, discrets, originaux, simples, déterminés, incertains, pensifs, débraillés, guindés, avec des cicatrices, les yeux tombants, les rides sur le visage, les cheveux en pétard, je les aime.
De par leurs différences je trouve les gens magnifiques.
De par leur « soi » qu’on croit connaître, de par leur joie qu’on imagine ou leur souffrance cachée dans des yeux fragiles, de par leurs hésitations dans un coin de leurs lèvres, de par leur authentique assurance… travaillée en avance, de par leur fragilité ou leur insouciance, de par leur maladresse. J’aime les gens…
Je veux TOUS les photographier mais maintenant je sais que cela est impossible… Ils sont bien trop nombreux… Mais si je peux en immortaliser quelques-uns, qui représentent déjà beaucoup, alors je serai heureuse.
Après plus de 30 ans de photographie sans oser sauter le pas, sans oser me précipiter sur les gens dans la rue pour leur dire qu’ils sont beaux parce qu’ils sont juste magnifiques (je sais l’argument ne tient pas la route mais c’est le mien), j’ai décidé de devenir photographe sociale… parce que dans « sociale » il y a « les gens »… (et en plus je n’aurai pas à leur sauter dessus dans la rue… c’est quand même une bonne chose …)
Et je vais vous dire un secret si vous n’avez pas encore deviné… (il faut chuchoter) les gens, c’est vous…
Pour cette raison, je sais que j’ai une chance folle. Cette chance c’est de vous rencontrer, de discuter avec vous, d’apprendre à vous connaître même si c’est pour un court moment et surtout de vous photographier pour ce que vous êtes et comme vous êtes.
Bien sûr dans « photographier les gens » il y a aussi « photographier » et on touche à autre chose.
Autour de mes 10 ans, j’aimais prendre en photo les personnes qui m’entouraient avec mon appareil rouge à un bouton, apporter la pellicule (enfin souvent les pellicules) chez le commerçant, et la faire tirer en double. J’adorais offrir la seconde photo mais je ne le conscientisais pas.
Plus tard, je me suis offert un appareil bas de gamme (en plastique quoi) mais plus performant (il avait plus de boutons). Et à 24 ans, je me suis offert mon Nikon FM2. Un appareil argentique semi-automatique avec lequel j’ai compris les bases de la photographie seule avec le petit mode d’emploi de quelques pages et mon esprit pas du tout mathématique… Autant dire que cela m’a pris BEAU-COUP de temps, d’énergie voire d’acharnement mais quel bonheur de m’en souvenir aussi.
La suite technique je vous la raconterai une autre fois parce que, au final, ça vous fait une belle jambe. Mais j’ai continué à photographier mon entourage.
C’est comme ça qu’un jour, avec les encouragements et la confiance de personnes proches qui ont cru en moi, je suis devenue d’un seul coup d’un seul (elle est marrante cette expression, non ?) photographe sociale orientée reportage.
Mais pourquoi reportage avant tout ?
Parce que j’aime la vie avec tout ce qu’elle a de naturel et spontané.
Mais aussi parce que …
J’aime me poser quelque part, debout ou parfois couchée et attendre le moment pour dire « stop » en appuyant sur un bouton, « je veux que cet instant devienne souvenir »,
J’aime rester dans ma bulle pour chercher mon cadrage, porter mon attention sur les courbes présentes, les lignes, intégrer LA personne dedans … et que tout s’agence comme par magie. C’est tellement plaisant quand on ressent ce petit truc qui vous dit « c’est bon, tu l’as eue »,
J’aime quand je vois en noir et blanc alors que tout est couleurs,
J’aime aussi voir la couleur parce que c’est joyeux,
J’aime les cadrages penchés, les images floues et les émotions sur un visage,
J’aime les imperfections parce que c’est ce qui fait la vie et j’aime rendre beau un moment pour le faire devenir « mémoire ».
Et comme …
Je n’aime pas la fin des choses et des soirées,
Je n’aime pas la fin des moments entre amis,
Je n’aime pas les départs,
Je n’aime pas les disparitions,
Je n’aime pas que les bons moments s’arrêtent.
… Alors je photographie …
Pour conserver ces courts moments en mémoire parce que tout passe trop vite, parce que le temps file sans prévenir, parce que la vie s’en va… Pour figer la joie, l’étonnement, les regards, les visages, les bêtises, les rires, l’innocence, les mains, la concentration, les pétillements, les folies, les rêveries, les émotions, les moments simples, les instants de partage, l’amour et… tellement plus…
Tout ce que j’aime, la photographie me permet de le garder pour revivre l’émotion que j’ai ressenti au moment de la prise de vue, que la personne ou les personnes ont ressenti au moment précis où j’ai appuyé sur le déclencheur.
Et ce qui me plaît plus encore c’est faire cela pour les autres, offrir ces moments photographiques aux autres comme quand petite je tirais les photos en double.
Alors photographe sociale professionnelle, c’est pas mal comme idée non ?